The Blue Wall of Silence - Anonymous Witnesses 
Serie of 24 images
2019

The blue wall of silence” est un terme employé au sein de la police, principalement aux Etats-Unis, qui décrit la règle officieuse entre les policiers qui consiste à se couvrir les uns les autres en cas d’abus, de crimes, de violences injustifiées ou de brutalité policière. Interrogé à propos d’un incident impliquant un collègue, un agent suivant le « code » dira qu’il ignore tout ou bien qu’il n’a rien vu.
L’oeuvre “The Blue Wall of Silence - Anonymous Witnesses” présente une série d’ images rangées dans des pochettes en plastique bleu. Ces images sont des captures d’écran tirées de vidéos amateurs : des personnes qui ont été témoins d’une scène de violence policière, d’un débordement des forces de l’ordre. Images précieuses et qui constituent des “preuves” à l’encontre du wall of silence. L’image choisie est celle qui synthétique le point culminant de la vidéo, le moment où la limite est franchie, où le débordement naît : c’est à la fois le moment où le “délinquant” devient “victime” et où la figure représentant l’autorité de l’officier de police devient coupable.
Tout semble réel dans ces images, sauf que la victime a bel et bien disparu, après l’intervention de l’artiste par un travail de retouche numérique, impliquant une reconstitution d’un réel qui n’existait pas dans l’image d’origine : des textures, des arrières-plans, des morceaux de corps reconstitués. Un silence au centre de l’image, sous un filtre bleuté, qui fait résonner des notions d’indifférence collective et de ce qui peut être perçu sans jamais le voir ni pouvoir agir dessus. Des chorégraphies absurdes et des positions ambigües mettent en avant les méthodes utilisées; il s’agit bien ici d’effacer en allant jusqu’à l’absence, pour révéler la présence d’un fantôme que la violence a fait se taire.